Sur Lamath le ciel est encombré d’un réseau complexe de nervures, de filaments nuageux mais denses, de cordelettes vaporeuses. Ce treillis est parcouru à tout instant par des ondes d’Ԑ brute. Toute l’atmosphère de Lanath est une perpétuelle cavalcade électrisée d’arcs bondissants entre les mailles de ce filet planétaire.
Et parfois, souvent, ces concentrations d’Ԑ se télescopent aux intersections du réseau, aux carrefours de cet ensemble neuronal. Deux, trois, parfois six décharges se rencontrent en une collision détonante. Et là, à cet endroit, à chaque fois, né instantanément une conscience. Un complexe C plein, riche, magnifique, pulsant et brillant d’âme, de conscience et d’intelligence.
Cette entité nouvellement née meurt dans l’instant, tout aussi rapidement qu’elle est apparue. Mais sa vitalité d’existence est sublimée par la promptitude de sa vie. Elle se distord, se dissout, et s’évapore en de nouvelles ondes dans le réseau Lanathien. Chaque bride de l’ancienne conscience emportera avec elle une idée, un concept, une histoire, un sentiment, un rêve, qui ira nourrir à son tour une nouvelle existence à quelques encablures de synapses voisines. Les Zèbres de Lanath naissent et disparaissent. D’aucuns diront qu’ils n’apportent rien au Normal, que leur pensée, leur réalité est vaine et futile. Je ne pense pas cela. J’aimerais tout au contraire me fondre dans la danse de leur course folle, dans l’euphorie de leur chevauchée exponentielle, dans leur communauté d’immédiateté.