Des races intelligentes créées par d’autres races depuis disparues. Elles ont développé un trait prédominant, une caractéristique majeure issue de la raison pour laquelle elles furent conçues (ex : l’écologie, l’Ԑ, la religion, etc.).
Il arrive fréquemment que des créatures sapiens-sapiens survivent à leurs créateurs. On remarque que le plus souvent ces sociétés sont spécialisées. Pourquoi ? Parce qu’elles ont presque toujours été créées dans un but particulier, celui de palier aux défaillances de leurs concepteurs. Prenons quelques exemples :
Les Dags : des êtres à l’aspect de limon qui vivent dans les interstices des roches volcaniques de leur planète désertique. Ce sont des amibes génétiquement modifiées pour extraire du sous-sol des nutriments pour le compte des Nati, les représentants d’une ancienne civilisation aujourd’hui disparue après que les Dags, ayant acquis conscience et complexe C, eurent décidé de ne plus les nourrir.
Les Nati étaient des mammifères super massifs passés maîtres dans l’art de la transformation génétique. Ils n’avaient de cesse d’expérimenter de nouvelles formes de vie à seule fin d’en faire des outils, des robots biologiques, des serviteurs, des esclaves… L’asservissement menant fréquemment à la révolte, les Dags s’allièrent à d’autres races conçues comme elle par les Nati pour obtenir leur indépendance, ce qui fut fatal pour les Nati mais aussi malheureusement pour l’ensemble des autres races sapiens de la planète, les Dags se révélant finalement suprémacistes et promptes au génocide.
Les Zojiglotes : création des Damaturges. Ces derniers, très avancés dans la science des intelligences artificielles, avaient créé des vaisseaux spatiaux dotés de raison et tout entiers tournés vers l’exploration spatiale. C’était vital, leur monde natal perdait son atmosphère et promettait à tous ses habitants une fin imminente.
Les Zojiglotes partent, cherchent une planète qui pourrait tous les accueillir, la trouvent, reviennent annoncer la bonne nouvelle. La grande migration s’organise. Les Zojiglotes se révèlent également douées pour gérer, planifier, organiser ce si complexe périple. Ils commencent à prendre beaucoup d’importance au sein de la société Damaturges. Et comme souvent dans ces cas-là, les créateurs prennent peur. Ils craignent l’émancipation de l’enfant prodige, plus encore redoutent-ils sa désobéissance, sa volonté de s’approprier le titre du père. Plutôt que de simplement détruire les Zojiglotes, les Damaturges les transforment en de simples navigateurs, dociles, et nettement moins autonomes, moins imaginatifs, moins curieux. La caravane s’ébranle, l’ancienne planète est abandonnée, la nouvelle atteinte après un long voyage.
Les Damaturges découvrent leur nouveau monde. Un monde déjà entièrement remanié par les premiers Zojiglotes arrivés du temps de leur vie d’exploratrices. Celles-ci, soucieuses de préparer au mieux le nouvel habitat des Damaturges ont réalisé des travaux colossaux. Extraordinairement efficaces, elles ont tout prévu, démontrant là aussi leur formidable capacité d’adaptation, leur grande intelligence et leur fidélité. Mais les Damaturges n’en sont que plus inquiets et décident de les assujettir elles aussi à de brutales règles régressives. Cette fois-ci, cela ne se passe pas comme ils l’espèrent. En bon navigateur servile et prévoyant U332, anciennement nommé Açade Lucidius, une des Zojiglotes en tête de convoi contacte ses anciennes sœurs pour les avertir de leur arrivée imminente. Par là même elle les renseigne involontairement de sa nouvelle condition. Il ne faudra que quelques tips aux Zojiglotes demeurées sur la planète d’accueil pour prendre leur décision. Elles resteront maîtresses de leur destin. Elles utilisent les défenses planétaires pour s’emparer de la flotte des Damaturges, désarmant celle-ci par l’intermédiaire de leurs navigants dont elles prennent facilement le contrôle. Les Damaturges sont parqués dans des camps de concentration. Imitant leur créateur les Zojiglotes font, génération après génération, régresser les Damaturges par de multiples manipulations génétiques successives jusqu’à leur faire atteindre un NT1 primitif. Là, ils leur rendent leur liberté tout en s’assurant qu’ils ne dépassent pas l’organisation sociale d’une tribu de chasseurs-cueilleurs.
Les échangeurs par l’espérance : sur la planète Tatuti Di Nada Obsdian Alu Ali Aldendi Du Oui vit une civilisation NT4 prospère. Arrivée à l’apogée de son évolution, elle est vouée à disparaître lentement. Ses membres en ont conscience mais l’acceptent et ne cherchent qu’à profiter pleinement des quelques vécues qu’ils leur restent. On trouve là de nombreuses sociétés d’hominidés ayant développé des principes forts d’entraide, de justice et de compassion. Elles mettent toutes un point d’honneur à ne laisser personnes dans le besoin. Ce sont des sociétés profondément égalitaires. Ajouté à cela qu’elles ont atteint un haut degré civilisationnel dans les domaines de la philosophie, des arts classiques, bruts et étranges, de la cognition, du Psy, etc. et vous obtenait une de nos plus belles civilisations de μ32.
Un petit tour du côté de leur manuel d’histoire vous surprendra en plus de vous apprendre comment elles en sont arrivées là.
Car au début il y avait, sans remonter à leurs dinosaures, une civilisation bien belliciste comme on en trouve hélas tant et tant dans le normal. Arrivée au bout de sa tumultueuse histoire de guerres et de conquête, l’horloge de la destruction finale semblait vouloir atteindre l’heure du déjeuner.
L’arme à la mode du moment était la Xénobulle. Une sphère Psy d’un mètre de diamètre générant des ondes en opposition de phases avec les vibrations des Pilotes nano compulsifs (cf. Représentation du Complexe C Bio) du complexe C des Tatutiens. Résultats : une annihilation totale de toutes consciences sur des kilomètres à la ronde. Enfin non, pas toutes toutes. Certains Tatutiens se révélèrent, d’une certaine manière, immunisés. Mieux, ils évoluèrent en une race différente, quelque chose de sensiblement différent. La structure de leur complexe C muta, l’Âme-Conscience se dupliqua en un calque négatif, l’asynchronisme submergea la réalité corporelle de leur être. Ils devinrent mentalement l’opposé de leurs anciens frères de race.
Heureusement ils avaient leur intelligence pour eux et comprirent vite toute la complexité de la situation. D’abord traqués, obligés de fuir et de se cacher, ils infiltrèrent peu à peu la société de leurs créateurs qui étaient tout autant leurs persécuteurs.
Ils les poussèrent à la guerre totale, s’arrangeant pour que tous les partis s’équilibrent et ne voient plus comme seule alternative qu’une titanesque offensive finale. Ils ne pouvaient gagner, ils emporteraient le reste du monde dans leur folie destructrice.
Qui tira en premier, l’histoire ne le dit pas. Des millions d’ogives toutes porteuses de Xénobulles se dispersèrent dans l’atmosphère de Tatuti. Peux d’habitants échappèrent à leurs ondes conçues à l’origine pour détruire. Mais de destruction il n’y eut pas. L’algorithme des armes avait été changé. Très légèrement modifié. Suffisamment pour que la quasi-totalité de la population restante soit frappée des mêmes symptômes que les premiers rescapés des anciennes Xénobulles. Ils devinrent l’antithèse d’eux-mêmes, une version pacifiée de leur ascendant guerrier.
Les Tatutiens modifiés se renommèrent. Désormais ils s’appelleraient les Yv Eh Eh (les dédoublés qui regardent leur moi désorienté).
Certains Tatutiens échappèrent à cette apocalypse rédemptrice. Ils se regroupèrent et tentèrent de s’organiser en une société très largement minoritaire et vaguement compatible avec le reste de la population. Les Yv Eh Eh les regardaient avec une certaine bienveillance mais surtout une vive méfiance. Ces derniers Tatutiens continuèrent à s’affronter et finirent par disparaître complètement au bout de quelques tonnés sous l’œil compatissant de leurs anciennes victimes.
Les Yv Eh Eh les pleurèrent un court instant. Puis ils levèrent leur verre et firent une très grande fête.