Dans le sifflement strident de ses disques cinétiques « Constante Contrainte » hissa Geor au sommet de la cheminée de cendre. Le champ de confinement qui maintenait le puits ouvert se fragilisait de toute part et des rivières de sable fin perçaient le long du court boyau.
Tant bien que mal l’étrange attelage émergea, Geor se retrouva à l’air libre, petit être vivant au centre d’un océan figé de sable noir. Dans un premier temps la clarté fut telle qu’il ne put que cligner des yeux, incapable de voir quoi que ce soir. Il entendit vaguement l’Intelligence lui répétait avec insistance un conseil, mais ne put tout de suite le comprendre.
« Mais en quelle langue faut-il que je vous le dise humain, vous vous trouvez au centre d’une plage de sable mouvant, le champ A.G. va céder d’un moment à l’autre, et la bulle d’air que nous venons de quitter va s’affaisser sur elle-même. Alors, si vous ne voulez pas mourir bêtement après avoir fait tous ces efforts pour survivre il serait bon d’effectuer une légère translation au moyen de vos deux jambes. Me suis-je bien fait comprendre ? »
Geor pensait qu’il n’avait jamais autant souffert en écoutant quelqu’un parler. Son cerveau était parti en balade ou resté au fond du volcan. Penser lui faisait mal et il aurait voulu changer de peau immédiatement. Pourtant le message de « Constante Contrainte » était passé. Et lentement, se laissant tomber à quatre pattes, il se traîna à la périphérie du cercle que l’on pouvait déjà discerner dans le sable.
Soudain le Coffee mourut définitivement. Le champ céda à quelques mètres sous les pieds de Geor. Une multitude de sifflements perçaient au travers du sable, emportant ce dernier en autant de petits geysers poussiéreux. Cela ne dura qu’une seconde ou deux. Geor se retrouva à mi-pente d’un petit cratère, enfoncé jusqu’à la taille dans la cendre. Il décida de se reposer là un petit moment.
Pas longtemps.
La tête penchée en avant il observait, immobile, ses ombres projetées face à lui. Un vent lourd et chaud agitait ses cheveux au ralenti. À intervalle régulier, le sang affluait massivement à son cerveau et le faisait grimacer de douleur. Mais entre ces coups de torture Geor était plutôt serein.
Il y avait pourtant un détail qui, de plus en plus, s’imposait à son esprit, le contraignant à abandonner la torpeur dans laquelle il s’était retranché.
Levant une main tremblante, il voulut se protéger d’un contre-jour aveuglant pour déterminer ce qui le choquait dans le paysage avoisinant. Mais le soleil avait un jumeau et il n’arrivait pas à cacher les deux astres d’une seule main. Il voulut utiliser l’autre, mais son corps ne le portait plus, il s’affaissa en avant et … s’endormit.
Quand il se réveilla, il était couché et à l’abri des soleils. « Constante Contrainte » l’avait extirpé de son trou et traîné non loin de là, à l’ombre de la structure qui l’avait tant intrigué. Il allait un peu mieux et pu enfin étudier cette dernière. Il s’agissait d’un vaste cube d’une cinquantaine de mètres de côté et dont il ne subsistait plus que les arêtes. Celles-ci étaient semblables à de grosses poutres et sur toute leur surface on pouvait voir un espace sombre, parsemé d’étoiles lointaines. Peut-être étaient-elles transparentes, peut-être pas. Toujours est-il que leur ombre projetée était providentielle et rafraîchissante. La structure, que Geor nomma Tétraèdre, était enfoncée d’un bon quart dans la cendre.