En seconde voix
La société Impériale qui, vous l’aurez compris, n’a plus grand-chose d’impériale est en grande partie basée sur les mécanismes de la seconde voix.
Un large pan de l’histoire de notre société s’écrit dans les mondes empilés générés et maintenus par des servants.
Notre univers s’est démultiplié au sein de mondes instanciés, de mondes compilés, de mondes strato-volatils, de mondes hermétiques.
Le repère de normalité reste le niveau 0 de la pile des réalités (notre monde, notre plancher des vaches). Mais il s’est passé bien des choses dans les étages supérieurs des simulations qui ont durablement impacté notre plan d’existence.
L’opercule est un logimec applicatif qui évolue librement entre les paliers de la seconde voix. Il est géré par la main et supervise la bonne synchronisation des différents étages du cœur d’évocation (l’ensemble des voix). Il a un œil sur l’interprète (vous en seconde voix, le héros sur lequel veille la main), mais aussi sur l’ensemble des locaux (les personnages Bio ou Métal simulés, ceux que l’on appelle aussi parfois les équipiers). Il est un peu le second, le servant du servant de votre seconde voix. Il y a autant d’opercules qu’il y a de d’interprètes dans la seconde voix.
Que peut faire un opercule :
- Moduler les tempos des niveaux pour conserver l’homogénéité chronologique de la seconde voix. Tous les niveaux d’une seconde voix ne s’exécutent pas obligatoirement à la même vitesse. Il est ainsi nécessaire d’installer des interfaces d’horodatage pour les informations qui transitent entre les étages de l’évocation.
- Modérer le comportement des interprètes. Les actions possibles dépendent de la configuration de votre main. Vous pouvez ainsi régler la rugosité de la téalité.
Petits rappels dans le domaine des sciences de la Position :
Réalité : ce qui existe effectivement au sein de la contingence normée
Téalité (à ne pas confondre avec le tetralité) : ce qui existe effectivement au sein de la seconde voix
Le Stacato d’Emblème : une loi du droit de la seconde voix inscrite dans l’Embléa Impériale, notre constitution. Cette loi proclame le droit à la persistance des mondes de la seconde voix.
N.B. : ce fut certainement l’un ces plus grands bouleversements qui firent vaciller notre société lors du dernier âge. Comme pour tous projets de lois prématurément adoptés, il fallut trouver dans la précipitation une solution pour permettre à tous les univers simulés de pouvoir continuer à exister, perdurer et éventuellement se développer. Auparavant la plupart de ces mondes virtuels étaient tout simplement débranchés lorsqu’ils n’étaient plus censés être utiles. Et tous leurs habitants de disparaître en un claquement de doigts dans l’indifférence la plus totale. Nous étions devenus alors les plus grands collectionneurs de génocides que le normal eut portés.
L’Ambitus d’Emblème : Il fallut également édicter des règles pour que tout nouvel univers de la téalité respecte ce qui fut appelé l’acceptabilité de création (ou voix permitil). L’objectif d’un monde de la téalité ne peut se nourrir de quelques visions dégradantes issues de notre contingence normée. Il est inconcevable de créer un univers de souffrances qui aurait vocation à persister éternellement. Le but n’est pas ici d’imposer un modèle d’utopie mais de préserver les vivants de la téalité comme nous protégeons les vivants de la réalité. Les enfers virtuels sont par exemple proscrits.
- Faire transiter un interprète d’un niveau à l’autre de la seconde voix
- Jouer le maître de jeu dans les secondes voix narratives ou ludiques
- Faire le pont entre plusieurs secondes voix. Ainsi on peut évoquer l’Ergogot Ultime, un rassemblement de plus d’une trentaine de seconde voix (soit quelque 624 étagements plus ou moins reliés) évoluant ensemble par la seule force de millions d’opercules œuvrant de concert pour maintenir de guingois cet étrange édifice abritant autant d’interprètes expérimentant l’histoire du Baüss, l’arkemage du Monde Philosophe. Un univers empirique où la recherche du beau verbe, de l’arbre idéal sous lequel rêver, de la vue étoilée la plus époustouflante, de l’étreinte d’un abandon sans retenue, du bain enivrant dans un océan sans rivage, du livre que l’on pose et qui nous change à jamais. L’Ergogot est la grande vie à laquelle nombreux sont ceux qui s’y adonnent non comme une seconde existence mais bien comme leur réalité première.
- Relayer l’Embléa au sein de la Seconde Voix. La justice impériale s’exerce pleinement dans la Téalité, renforcée par les règles de la Vox Permetil.
À noter qu’il est possible d’amender, dans une certaine mesure, les textes du Code Constitutionnel Global à des fins expérimentales. Les Servants bâtisseurs en charge de ces légalités adaptées doivent au préalable soumettre les modifications législatives au Cénacle de l’Embléa. Si ce dernier valide ces adaptations la Seconde Voix peut être créée dans un monde isolé pour s’assurer qu’il ne puisse y avoir de contagion de versions déviantes des lois d’origine vers d’autres univers de la Téalité. Les opercules sont mis à jour pour administrer ces Secondes Voix parfois appelées Mondes Enchantés. - Servir d’interface pour la reprogrammation expérimentale des sondes Farmer des interprètes. Cette fonctionnalité ouvre des possibilités sans limite pour générer des expériences d’uchronies ou de futurs alternatifs.
- Réparer les coupures de trames. Lorsqu’un servant, pour une raison x ou y, perd momentanément le contrôle d’une seconde voix, les opercules ont une autonomie suffisante pour exécuter les réparations nécessaires à la continuité de service. Ces petits incidents ne sont pas si rares et les glitchs qui résultent des tentatives (parfois maladroites) des opercules pour les cacher donnent souvent lieu à des scènes surréalistes que les interprètes s’empressent de partager sur la toile.
- Ils peuvent servir de synovox. Dans ce cas, ils endossent momentanément l’identité d’un interprète qui peut ainsi quitter pour un temps la seconde voix. L’opercule va tenter de tenir le rôle et donner le change aux autres interprètes. Bien sûr la ressemblance n’est jamais parfaite mais c’est un bon moyen de dire que vous avez dû vous absenter et que vous serez bientôt de retour. L’opercule est généralement chargée dans ce cas de délivrer un message, un peu comme un répondeur sur la toile.
- La mise à mort. Lorsqu’un interprète viole sciemment toutes les règles de la Vox Permitil, qu’il se sert de la seconde voix à des fins suprémacistes, qu’il entraîne d’autres citoyens dans des scénarios de déviances avouées, qu’il saccage la pensée du messie pour s’accaparer un centile de pouvoir au sein des univers instanciés alors l’opercule a le droit, le pouvoir de le geler et le conserver dans la dernière scène de sa simulation pour le présenter à l’adjucateur finale qui jugera et prononcera la sentence. La sentence qui peut être celle du retrait définitif de la téalité.