Sur Marée, il y’a la Déferlante, une mer unique sans cesse soumise à une tempête fantastique, une tempête à l’échelle d’une planète. Des vagues de plus de trois mille mètres, des vents plus rapides que le son, plus violents qu’une chute de pierre, plus bruyant qu’une explosion nucléaire, des pluies aussi denses que la mer elle-même, des gouttes ciselées et tranchantes comme l’acier.
Sur Marée, le ciel est sans cesse zébré de millier d’éclairs, les nuits sont aveuglantes, la mer plus électrique qu’un autel de Gauss.
Pas un rivage n’a résisté à l’assaut implacable des déferlantes géantes. Il y’a bien longtemps, la terre a tout cédé à la mer.
Une colonie vit ici, dans de grandes nefs voguant sur ces flots déchainés. A l’échelle de la houle perpétuelle, ce ne sont que de minuscules coquilles de noix jetées dans l’oubli de ce monde déchainé.
Mais les capitaines de ces vaisseaux insubmersibles savent défier l’indomptable. Bien sûre, ils plient, s’effacent, courbent l’échine et toujours reculent, jamais ne résistent. Ils ont su apprendre à accompagner cette terrible fureur et, à ses côtés, danser la cavalcade effrénée de ce qui semble être le cri de l’univers.