Illustration : Raphael Lacoste
Non, il est loin d’être vieux notre bon Abram. Mais nous commençons à voir apparaître de-ci de-là quelques signes d’usure. Et comme à leur habitude, les attachés aiment à retourner ces prémisses de vieillissement à leur avantage, allant jusqu’à mettre en valeur ces expressions du temps qui passe.
Ainsi les problèmes persistant de soutènement de la baie d’Ajatio ont fini par entraîner un grave problème d’inondation du secteur adjacent, celui des champs de boton des Bio Makuleur. On sait que ces derniers protègent leur culture d’un treillis d’Ԑ pour que les pousses explosives n’endommagent pas la voûte du hall de germination. On pourrait croire que l’eau de ces filets haute tension ne ferait pas bon ménage.
Mais plutôt que de reprendre l’ouvrage et de travailler à son étanchéité les architectes du secteur ont préféré laisser faire. Ils ont obtenu de l’Abram que l’on relocalise les terres Makuliennes et ont transformé cette espace en une promenade qu’ils ont baptisée Sympomade. On y déambule protégé par ces immenses grilles énergétiques sur lesquels ruissellent en pluie diluvienne les eaux du lac Ajatio. Au contact, les goûtes se vaporisent immédiatement créant des nuées multicolores. Le treillis grésille et bourdonne de toute part, il en résulte un chant électrique qui emplit le vaste volume de la salle. Vous me direz qu’il aurait été plus simple de créer une telle œuvre d’art ailleurs là où l’on aurait pu assurer son entretien plus efficacement. Mais que voulez-vous, les attachés sont ainsi !